Mai et ses longs week-end, invitation à la lecture, à mes sources, mes retours que je vous invite à partager.
Heureuse lecture
Rainer Maria RILKE
« J’implore tous ceux qui m’aiment d’aimer ma solitude »
Les Lettres à un jeune poète ont été écrites entre 1903 et 1908. Rainer-Maria Rilke, depuis sa rencontre avec Lou Andréas Salomé en 1897 à Munich, poursuit sa vie errante. Autrichien né à Prague en 1875, poète de langue allemande, il vivra presque toujours hors d’Allemagne.
LETTRE à UN JEUNE POETE : Éditions Grasset/Les Cahiers Rouges
Extrait : Paris, le 17 février 1903.
Cher Monsieur,
« Votre lettre vient à peine de me parvenir. Je tiens à vous en remercier pour sa précieuse et large confiance. Je ne eux guère plus. Je n’entrerai pas dans la manière de vos vers, toute préoccupation critique m’étant étrangère. D’ailleurs, pour saisir une Å“uvre d’art, rien n’est pire que les mots de la critique. Ils n’aboutissent qu’à des malentendus plus ou moins heureux. Les choses ne sont pas toutes à prendre ou à dire, comme on voudrait nous le faire croire. Presque tout ce qui arrive est inexprimable et s’accomplit dans une région que jamais parole n’a foulée. Et plus inexprimables que tout sont les Å“uvres d’art, ces êtres secrets dont la vie ne finit pas et que côtoie la nôtre qui passe »…
Stefan ZWEIG
« J’ai personnellement plus de plaisir à comprendre
les hommes qu’à les juger »
Le VOYAGE dans le PASSE, l’ultime récit de Stefan Zweig
Un petit miracle rectangulaire d’une centaine de pages!
« Le voyage dans le passé »: Le récit d’un sursis, d’une dernière chance, celle d’embarquer une fois de plus un bout d’imaginaire sur les lignes du célèbre auteur autrichien, disparu il y a presque 66 ans. Le 23 février 1942, Stefan Zweig et son épouse avaient décidé de mettre fin à leurs jours, un an après avoir fui la terreur nazie en s’exilant au Brésil.
L’exil, justement, c’est le sujet de cette ultime histoire. Après dix ans passés au Mexique, un jeune homme s’offre un billet retour vers Vienne pour retrouver son premier, son grand amour. Une femme, mariée, mais le souvenir d’une voix simple et d’un geste calme l’avaient guéri autrefois de son angoisse, lui, rejeton de la pauvreté crasseuse. Avant elle, sans le vernis doré de l’assurance, il se sentait bien trop miséreux pour poser ses pieds d’étudiants sur la moquette épaisse d’un appartement bourgeois. Grâce à elle, et sa tranquille bienveillance, il connut une carrière brillante. Pourtant, leurs retrouvailles vont se briser sous les bottes d’un défilé nazi, écrasé par les roulements de tambours, en juin, dans les rues d’une ville autrichienne. Car si le couple n’a jamais échangé plus d’un baiser, l’Autriche, elle, déjà offerte, a cédé au fascisme.
Brisé une première fois par la guerre de 14-18, cet amour platonique sera broyé par le nazisme. L’espoir anéanti par la noirceur brutale d’une deuxième guerre. Belle allégorie…
Source Evene et Marianne