Faire mon marché ce matin

Il faudrait que je parte faire mon marché ce matin. L’été c’est certain a pris ses derniers quartiers, laissant là dans cette partie du ciel que j’aperçois, quelques trouées légères et bleutées. Mais il faudrait me lever, soulever le drap m’extraire de la chaleur de la nuit, de la nuit qui est entrée en hiver depuis hier, il le faudrait. Au beau milieu du soir, la féline de la maison a bondi, au souffle du vent de ce décembre qui m’étrangle. Sur la table recouverte d’un tissus pourpre et indien, encore offert, le poison de nuit, robe du soir de mes rêves, de mes espoirs épuisés, posés cette fois en ordre, petit chemin à suivre ou non, mais promenade préparée au cas où… Le choix toujours le choix ! je ne sais plus, ne sais pas, car je ne comprends, pas je n’apprends rien. viewphoto1.jpgEt ma vie n’abandonne pas ! Toujours battante malgré notre pacte, elle continue de s’éprendre de chaleurs qui me brûlent. Les images défilent, des oiseaux qui se déplacent en silence, des braises qui dansent, et le silence, oui ce silence qui lorsqu’il se partage, apparaît comme l’un de ces bonheurs très singuliers, où, même si la peau ne se touche pas, la chaleur des mains non jointes, diffuse son parfum de quiétude. Il faudrait que je parte faire mon marché ce matin… Quoi mettre dans mon panier ? Deux pommes, des œufs, des herbes parfumées, un petit sac de gingembre confit pour redonner du rose aux joues !! des poivrons à griller… Mais la volupté dans laquelle se love mon inquiétude m’attache comme un amant joueur aux draps tièdes, et je tourne et me retourne dans ces oreillers orangés et mouelleux. Je repense au printemps à l’automne, les couleurs se mélangent aux miaulements de la chatte qui réclame son lot de caresses. Les murmures de la veille me clouent aux cotonnades de mon lit. Il reste d’hier un parfum de toi de moi de « nous », le mot à maudire ! Le lien à anéantir. Il est des conjugaisons que nous ne devrions pas connaître sous peine de drames extrêmes. Je n’irai pas faire mon marché ce matin ! Je regarde le chemin, minuscule et blanc posé sur le tissu indien, joli dessin, mais ce n’est pas encore mon destin que d’abandonner ! Juste rêver,dormir au creux de tes bras silencieux et de tout ce qui aurait pu être Lise Dest 10 nov 2007

5 réponses sur “Faire mon marché ce matin”

  1. Ecrit comme en un demi sommeil, douceur, nostalgie, l’instant où le réveil n’a pas encore sorti la raison, d’où cette hésitation, peut-être, peut-être pas, oui en fait rester dans son cocon encore un peu, la vie peut attendre, oui elle peut attendre.

  2. rester a l’abri, d’une certaine façon …oui !
    Ecrit avec du vague a la ligne, une étrange tristesse au bout des doigts
    simplement pour dire ….Je ne veux pas sortir, ne pas voir dehors si le ciel se fait soleil, tu as raison rester « cocon » pour atteindre le soir, e, silence.

    merci Lutin

    Lise

  3. Lise, tant de douceur dans la mélancolie de ces mots, c’est extrêmement touchant, je m’y sens bien .
    Moi non plus, Lise je n’ai plus envie de faire mon marché ce matin à venir, je préfère vous relire pour garder encore un peu au creux de mes pensées l’empreinte de vos mots émouvants ! J’aime votre délicatesse.

    Daniele Colin

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