Nos âmes à l’abri / Alain Bashung

https://music.youtube.com/watch?v=URCSBdcWzYU&feature=share

En amont. Alain Bashung. Barclay/Universal./ Alain Brunet critique CD

Côté réalisation, il y a forcément une part d’Édith Fambuena dans le son d’En amont, dont elle a nettoyé et amélioré les maquettes. Il y a ses guitares, sa basse, ses programmations numériques, auxquelles s’ajoutent des contributions instrumentales ou vocales de Raphaël, Doriand ou Arman Méliès.

Néanmoins, un nuage plane au-dessus de ces chansons inédites: le principal intéressé ne les avait pas sélectionnées pour son opus ultime. Pourquoi alors replonger dans ces fonds de tiroir? Pour garnir la caisse des ayants droit de l’artiste disparu?

Cela pourrait être plausible, mais… à l’écoute de ces 11 titres pour la plupart excellents, on optera ici pour des motifs de cohérence esthétique: fort possiblement, Bashung avait choisi les autres car ils formaient un tout et que ceux-ci cadraient mal dans Bleu pétrole.

D’aucuns réfutent cette vision, croyant que ces chansons ne méritaient pas l’exhumation, concluant que Bashung ne les trouvait pas à la hauteur. Dans la même optique, les détracteurs d’En amont croient ses thuriféraires de l’album aveuglés par la plus plate nostalgie, par le souvenir romantique d’un grand disparu.

Affirmons au contraire que les détracteurs font ici preuve de dogmatisme en déduisant l’application d’une stratégie d’affaire répréhensible que pratique depuis longtemps l’industrie de la musique: amasser une cagnotte supplémentaire avec les morts célèbres en étirant la sauce.

Pour une rare fois, inscrivons-nous en faux contre cette lecture, mécaniste dans le cas qui nous occupe. Optons ici pour une autre évaluation avec cet a priori: toutes les transgressions sont possibles, seul compte le résultat final. Et le résultat final est plus que défendable!

On peut, par exemple, deviner qu’un malade en phase quasi terminale, pourtant capable de chanter avec l’expressivité nécessaire à l’exercice malgré l’affaiblissement, trouve pompeux de sélectionner Immortels. Voilà certes une chanson fabuleuse de Dominique A, dont la thématique pourrait par son seul titre laisser traîner quelques soupçons de vanité ou de grandiloquence.

On peut supposer que Bashung, arrivé au seuil de l’infini, eut le désir de l’humilité et donc repoussa des rimes telles «Tu vois, ça fait longtemps que j’me fais peur / Des fois, je me dis que j’vais m’enfuir avant l’heure…» telles qu’on les entend dans la splendide Montevideo de Mickaël Furnon.

On peut comprendre que Bashung eut aussi écarté Nos âmes à l’abri, qui révèle un texte magnifique de Doriand; dans le contexte, cela pouvait aussi générer quelques confusions entre le propos réel de l’auteur et le refuge définitif de son interprète, soit sa dissolution dans l’univers.

«… Ad vitam aeternam / sur la plage, un sablier / Pour mettre nos âmes à l’abri…»

* * * *

 

 

Une réponse sur “Nos âmes à l’abri / Alain Bashung”

  1. Merci infiniment à Chloé et Édith Fambuena pour ce cadeau, pour moi le meilleur album après fantaisie militaire. J’espère qu’il en a mis d’autre de coté, En amont c’est vraiment lui … !

    Ses Å“uvres représentent tout ce que je peux exprimer affectivement. Suivre ses accords à la guitare et reprendre ses paroles s’est à pleuré, un exutoire, mon jardin quoi !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *