Vos gestes me blessent, vos mains me parcourent et sâemportent je vous sens mâenvahir, et graver sur le bord de mes lĂšvres vos messages insolents, confidences omniprĂ©sentes.
Notre bal mortel a commencĂ©âŠ
LâindĂ©cence de votre dĂ©sir : goutte Ă goutte lent et froid, rythme des aveux singuliers,
mes veines lĂąchent, vos espoirs me plaquent au murs, je sens mon corps sâeffondrer sous la force de vos caresses.
Vous ĂȘtes glacĂ© mon amour ! venez chauffer le bout de vos doigts, coussins de chat! je vous confie ma tiĂ©deur, aussitĂŽt votre petit cĆur de camĂ©lĂ©on se glisse comme un hussard au plus loin de ma chaleur, de mes couleurs.
Je vous attends, vous interroge, ce soir, ni verbe ni mot, croiser votre regard ardent et lumineux, Ă©treindre la nuit qui portera votre voix. Vous ĂȘtes mon aube rare, mon jeu de miroir.
Vous espérez des cris, et des sursauts, ce soir, je vous offre mes plus grands silences, à vous mon plaisir muet.
Vous mâĂ©toufferez pour me faire crier, la glace et le sel pour mâobliger Ă hurler, jâavalerai mon extase pour en inonder votre bouche et vos mains cette nuit nâaura quâun cri: le votre; supplique magnifique! souffrance aiguĂ«, incommensurable jouissance du plaisir annoncĂ©, consommĂ©, certitude dĂ©clarĂ©e fondue dans les nimbes de mon «absence». Votre rage, hĂŽte de ma de jouissance, vacillera contre mes jambes que vous aimez si blanches, lianes sinueuses dans le terreau de votre corps.
Vos draps noirs, sont comme le sang qui me parcourt et me pare, lâorchidĂ©e sombre, sâattarde mi ouverte, demi Ă©close dans lâĂ©cueil de vos mains de centaure, vous aimez en froisser chaque pĂ©tale, vous assurer de mon obĂ©issance, vous pourriez en presser lâinfini breuvage maintenant, mais vous choisissez lâattente, vrai plaisir, ultime grĂące des corps qui se sculptent lâun lâautre dans le manque.
Dans lâombre : vos yeux, gouffres de fantasmes ! pillent chacun de mes dĂ©lires âŠ
Sous les grammes de mes soies votre souffle, me coupe de la nuit. PropulsĂ© vers dâautres lumiĂšres, plurielles et cadencĂ©es, mon corps sans parole cherche un enchevĂȘtrement dĂ©finitif, une apnĂ©e magique.
Vous investissez mes reins comme le banc dâune Ă©glise repos dâun ange avant lâattaque du guerrier!
Nous nous attendons, nous dĂ©tachons, Rodin, Henner, Fromentin, nous guettent, les murs rĂ©sonnent de lâimprobable mĂ©lange des pastels, des sanguines, et de vos bras, passagers clandestins de mon corps nacrĂ©. Coquillage pour collectionneur dâalgues et dâĂ©toiles abandonnĂ©es, cadeaux dâun corps Ă cĆur aux moissonneurs des grandes marĂ©es.
Qui connaĂźt mieux quâun pĂȘcheur de hasard, la couleur des yeux des femmes coquillages ? couleur du nĂ©ant, couleur de celles qui le regarde.
Le temps emprisonne les nuits dâamour, comme les larmes grenat de ceux qui prĂ©fĂšrent les ponts ou les rames glacĂ©es dâun quelconque mĂ©troâŠ
Vos mains me touchent, vos mains me baignent et me douchent au milieu du plus dĂ©sastreux vacarme organisĂ© sur la planĂšte, lâespoir de notre nuit se joue dans un Ă©crin de douceur et de douleur, prenez moi dans vos bras câest lĂ que jâai envie de voyager!
Votre peau sent le vent et lâorage, faites de la mienne, lâempreinte sombre de votre linceul, puisque mon amour nous partageons la mĂȘme peur : la puanteur de la mort!
PlantĂ©s dans le corps lâun de lâautre, votre iris catalan, uni au de sang de ma vie qui fut bleu en son temps! se fige, vers lâobsĂ©dante image du dernier voyage, danse ultime, assaut final incontrĂŽlable, le vent et le feu Ă en crever.
Vos mains se font plus rudes, violentes et fortes, mâarracher de votre corps me tuerait , je me laisse porter par votre peur et son Ă©treinte, seul espoir dâune Ă©ternitĂ© contrainte.
Etendus, dans le silence dâune fusion insolite, vous me dĂ©chirez pour que le temps nâexiste plus, pourquoi me rappeler Ă lâordre ? votre dĂ©sir mâinonde, la charge glacĂ©e de votre effort me propulse, Ă en perdre lâesprit, mon maĂźtre mâemporte vers la mort, loin dans le tourbillon de ses yeux de jais.Souvenez-vous de âla tentation de St Antoineâ de GĂ©rĂŽme Bosch,
envolons nous, loin de la vie sur le poisson gĂ©ant de ce triptyque de perfection et dâhĂ©rĂ©sie.
La mort nâa plus dâodeur mon cĆur, mon amour, ma douceur, vous aimez mon parfum depuis si longtemps, aujourdâhui voulez-vous vraiment en connaĂźtre le nom ?
Serrez-vous contre moi, et parcourons enfin sur notre animal ce monde qui nous exaspĂšre.
lise dest /2004